Qu'est-ce que Mountain Protocol (USDM) ? Le stablecoin rémunéré par les obligations d'État américaines

Imaginez une cryptomonnaie qui vous paye tous les jours simplement en la gardant dans votre portefeuille. Pas besoin de staking, pas besoin de prêter, pas de risques supplémentaires. C’est exactement ce que propose USDM, le stablecoin issu de Mountain Protocol. Contrairement à USDT ou USDC, qui gardent pour eux les intérêts générés par leurs réserves, USDM les partage directement avec vous. Et ce, sans que vous ayez à faire quoi que ce soit.

Qu’est-ce que USDM exactement ?

USDM est un stablecoin, c’est-à-dire une cryptomonnaie dont la valeur est fixée à 1 dollar américain. Mais il ne ressemble à aucun autre. Alors que la plupart des stablecoins sont partiellement soutenus par des dépôts bancaires ou des papiers commerciaux, USDM est entièrement garanti par des obligations d’État américaines à court terme. Ces obligations sont conservées dans des comptes ségrégués, protégés en cas de faillite de l’émetteur. Rien de bancaire, rien de spéculatif. Juste des titres du Trésor américain, les actifs les plus sûrs du monde.

Et ce n’est pas tout. USDM est aussi un stablecoin à rendement automatique. Chaque jour, votre solde en USDM augmente légèrement - pas parce que vous avez fait un geste, mais parce que les intérêts générés par les obligations sont répartis directement entre les détenteurs. C’est ce qu’on appelle un mécanisme de « rebasing ». Votre portefeuille affiche 100 USDM un jour, et 100,013 USDM le lendemain. Ce n’est pas une nouvelle transaction. C’est simplement de l’intérêt qui s’ajoute à votre solde, sans que vous ayez à le réclamer.

Comment ça marche ? Le secret du rebasing

La plupart des stablecoins gardent une valeur fixe : 1 USDC = 1 USD. Si vous en avez 100, vous en avez toujours 100. USDM, lui, garde la même valeur, mais pas le même nombre. Votre solde augmente quotidiennement grâce à un facteur de récompense, appelé rewardMultiplier. Ce n’est pas une inflation. C’est une redistribution des intérêts.

Prenons un exemple simple. Si vous détenez 1 000 USDM et que le rendement annuel est de 5 %, vous gagnez environ 0,137 USDM par jour. Ce n’est pas beaucoup, mais ça s’accumule. En un an, vous aurez environ 1 051 USDM, toujours équivalents à 1 051 dollars. Le prix reste à 1 USD par USDM, mais vous avez plus de jetons. C’est comme si votre argent travaillait pour vous, sans que vous ayez à le déplacer, à le bloquer ou à le risquer dans un protocole DeFi.

Et ce rendement est universel. Que vous teniez vos USDM sur MetaMask, sur un exchange comme Uniswap, ou dans un contrat intelligent, vous les gagnez. Pas besoin d’aller sur une plateforme spécifique. Pas besoin de cliquer sur « staker ». C’est automatique. Et c’est ce qui le rend unique.

Qui peut utiliser USDM ?

Voici le point le plus critique : USDM n’est pas ouvert à tout le monde. Seules les entreprises constituées légalement dans des pays autorisés peuvent créer (mint) ou racheter (redeem) directement des USDM à 1 dollar. Cela signifie que si vous êtes un particulier, vous ne pouvez pas aller sur le site de Mountain Protocol et acheter 10 000 USDM en un clic.

En revanche, les utilisateurs secondaires - c’est-à-dire tous les particuliers - peuvent librement acheter, vendre, envoyer ou utiliser USDM partout où les contrats intelligents ERC20 sont supportés. Cela inclut Ethereum, Polygon, Arbitrum, Optimism, Base, ZKSync Era, Celo et Avalanche. Vous pouvez le détenir, le prêter, l’utiliser comme garantie dans un protocole DeFi, ou le troquer contre d’autres cryptos. Mais pour l’obtenir en premier lieu, vous devez le trouver sur un exchange décentralisé.

Cette restriction crée un paradoxe. Le produit est conçu pour être accessible à tous, mais son point d’entrée est réservé aux entreprises. C’est pourquoi, malgré son innovation, USDM n’est actuellement classé qu’au #4474 sur CoinMarketCap. Il n’a pas encore atteint une masse critique d’utilisateurs.

USDM vs USDC, USDT, pyUSD : quelle différence ?

Comparez USDM à USDC ou USDT, et la différence est flagrante :

• USDC : soutenu en partie par des dépôts bancaires et des papiers commerciaux. Aucun rendement pour les détenteurs.
• USDT : soutenu par un mélange opaque d’actifs, dont des obligations, mais aussi des prêts et des cryptos. Aucun rendement.
• pyUSD : issu de PayPal, soutenu par des dépôts bancaires et des obligations. Aucun rendement.
• USDM : soutenu uniquement par des obligations d’État américaines. Rendement quotidien de 5 % APY.

Le modèle de Mountain Protocol est comme un ETF Bitcoin à faible frais (IBIT) contre un autre à frais élevés (GBTC). Les utilisateurs préfèrent le moins cher, le plus transparent. Ici, c’est le même principe : pourquoi payer un prix caché (le rendement perdu) quand vous pouvez l’avoir directement ?

Les analystes de Multicoin Capital le disent clairement : « Si les émetteurs de stablecoins partageaient 90 % des intérêts, leurs revenus chuteraient de 10 fois. » C’est pourquoi personne ne l’a fait jusqu’à présent. Mountain Protocol a choisi de le faire - et c’est ce qui le rend à la fois révolutionnaire et difficile à adopter.

Les avantages et les inconvénients

USDM a des forces claires :

• Reserve ultra-sûre : uniquement des obligations d’État américaines.
• Rendement automatique : pas de gestion, pas de risque supplémentaire.
• Compatible partout : ERC20, donc intégrable dans n’importe quel protocole DeFi.
• Transparence : attestations publiques des réserves, supervision réglementaire.

Mais il a aussi des faiblesses :

• Accès limité : les particuliers ne peuvent pas créer ou racheter directement.
• Liquidité faible : peu d’échanges le proposent, donc difficile à acheter en gros.
• Comptabilité complexe : chaque jour, votre solde change. Cela complique la gestion fiscale et comptable.
• Adoption lente : les utilisateurs sont habitués à USDT et USDC. Changer d’habitudes prend du temps.

Si vous êtes une entreprise basée aux États-Unis, au Canada ou dans d’autres pays autorisés, USDM pourrait être une solution idéale pour détenir des liquidités en crypto avec rendement. Si vous êtes un particulier, vous pouvez toujours l’utiliser - mais vous devrez l’acheter sur un DEX, et accepter que sa liquidité reste limitée.

Que dit l’avenir ?

Mountain Protocol a annoncé son intention d’étendre USDM à d’autres blockchains. Il pourrait aussi élargir l’accès aux particuliers, mais rien n’est encore confirmé. Le marché des stablecoins est en pleine mutation. Avec les pressions réglementaires sur Tether et Circle, les utilisateurs commencent à exiger plus de transparence.

USDM n’est pas encore un leader. Mais il représente une idée puissante : pourquoi les stablecoins devraient-ils être des boîtes noires qui gardent l’argent des utilisateurs ? Pourquoi ne pas leur rendre leur valeur ?

Si l’adoption augmente, si les échanges commencent à le lister largement, et si les particuliers peuvent enfin le créer directement, USDM pourrait devenir le nouveau standard. Pour l’instant, il reste un projet niche, technique, et audacieux. Il ne remplace pas USDT. Mais il montre une voie possible.

Est-ce que USDM est sûr ?

Oui, dans la limite de ce qu’on peut attendre d’un produit crypto. Les réserves sont vérifiées par des tiers, séparées des actifs de l’entreprise, et composées d’actifs ultra-sûrs. Il n’y a pas de risque de banque, pas de risque de crypto volatil. C’est le modèle le plus sécurisé parmi les stablecoins actuels.

Le seul risque réel est celui de l’adoption. Si personne ne l’utilise, sa valeur ne change pas - mais son impact non plus. Il n’y a pas de risque de perte de valeur comme avec un stablecoin non garanti. Mais il y a un risque d’oubli : si vous ne le connaissez pas, vous ne l’utiliserez pas. Et si vous ne l’utilisez pas, vous perdez un rendement quotidien.

USDM n’est pas une solution pour tout le monde. Mais pour ceux qui veulent un stablecoin sûr, transparent, et qui génère un rendement sans effort, il est l’une des seules options existantes. Il ne fait pas partie du paysage dominant - encore. Mais il pourrait bien être le futur.