Les rug pulls ne sont pas une erreur, c’est un business
En 2024, les Américains ont perdu 9,3 milliards de dollars à cause de scams en crypto. La plupart de ces pertes viennent d’un seul type d’escroquerie : le rug pull. Ce n’est pas un bug, ni un accident. C’est une opération organisée. Des équipes créent un projet, attirent des milliers d’investisseurs avec des promesses de rendements fous, puis disparaissent en vidant les liquidités. Les tokens deviennent des déchets numériques. Et la pire partie ? Ces escroqueries deviennent de plus en plus sophistiquées.
Comment fonctionne un rug pull ?
Il y a deux grandes familles de rug pulls : les durs et les doux. Un rug pull dur, c’est comme un cambriolage en pleine journée. Un jour, le token vaut 100 $. Le lendemain, il vaut zéro. La liquidité est retirée en quelques minutes, les développeurs disparaissent, et les portefeuilles sont vides. C’est ce qui arrive souvent sur Solana, où des escrocs utilisent des pools de liquidité sur Raydium V4. Ils ajoutent toute la liquidité d’un token memecoin contre du SOL, attendent que les gens achètent, puis retirent tout d’un coup quand le prix monte. Résultat ? Ils s’enrichissent, et vous perdez tout.
Le rug pull doux, lui, est plus sournois. Il dure des semaines, voire des mois. Les développeurs continuent à poster sur Twitter, à mettre à jour le site web, à parler de « prochaines fonctionnalités ». Mais en coulisses, ils vendent lentement leurs tokens, transfèrent les fonds vers des adresses inconnues, et réduisent progressivement leur implication. Vous pensez que le projet est en train de grandir. En réalité, il est en train de mourir. Et quand vous vous en rendez compte, il est trop tard.
Les outils qui détectent les rug pulls avant qu’ils n’arrivent
Il y a cinq ans, il n’y avait presque rien pour se protéger. Aujourd’hui, des outils intelligents analysent des milliers de contrats intelligents en temps réel. Le plus impressionnant ? RPHunter. Lancé en 2025, il ne regarde pas juste le code. Il regarde aussi les transactions. Il construit deux graphes : un pour le code malveillant, un pour les comportements suspects sur la blockchain. En les combinant avec des réseaux de neurones, il détecte les rug pulls avec une précision de 95,3 %. Sur 645 cas connus, il n’a raté qu’une poignée. Et dans la vraie vie, il a repéré plus de 4 800 tokens escrocs - sans intervention humaine.
En parallèle, Token Sniffer analyse les contrats sur Ethereum, Binance Smart Chain, Solana et d’autres. Il donne un score de sécurité de 0 à 100. Si le score est en dessous de 50, fuyez. Au-dessus de 80, vous pouvez regarder de plus près. Il vérifie qui détient les tokens, si la liquidité est verrouillée, et si le code contient des fonctions cachées qui permettent de voler l’argent.
GoPlus Security fait pareil, mais en se concentrant sur les vulnérabilités des dApps. Il détecte les adresses malveillantes, les contrats qui permettent de bloquer les retraits, ou les clés privées qui peuvent être modifiées par les développeurs. Ce sont les premières lignes de défense. Mais ce n’est pas suffisant.
Le vrai pouvoir : analyser les comportements, pas seulement les codes
Les escrocs ne restent pas sur une seule blockchain. Ils passent d’Ethereum à Polygon, puis à Base, puis à Solana. Pour les attraper, il faut suivre les portefeuilles, pas les tokens. C’est là que Elliptic entre en jeu. Son système détecte automatiquement les portefeuilles de fraudeurs en analysant leur comportement. Un portefeuille qui reçoit 100 000 $, puis transfère tout à un échange en 12 heures ? Rouge. Un portefeuille qui a déjà été impliqué dans 3 rug pulls différents ? Rouge. Il ne s’agit pas de règles fixes. C’est de l’intelligence artificielle qui apprend de chaque nouvelle escroquerie.
Et ce n’est pas tout. Les grands mouvements de liquidité sont des signaux d’alerte. Si les développeurs transfèrent 80 % de la liquidité vers un portefeuille inconnu, c’est un signal fort. Si un seul portefeuille détient plus de 30 % des tokens, c’est un risque. Si les ventes sur les échanges commencent à exploser alors que le projet n’a rien annoncé ? C’est un crash qui arrive.
Les notes d’investissement : pas juste de la sécurité, de la stratégie
Token Metrics ne vous dit pas seulement si un projet est sûr. Il vous dit s’il vaut la peine d’investir. Il donne deux notes : une pour les traders (Trader Grade), une pour les investisseurs à long terme (Investor Grade). Cette dernière prend en compte : la qualité du code, la vérification du contrat, la transparence de l’équipe, la stabilité des liquidités, et même la répartition des détenteurs. Un projet peut avoir un code propre, mais si l’équipe est anonyme et que 90 % des tokens sont détenus par deux adresses, l’Investor Grade sera bas. C’est une vision complète. Pas juste une alerte. Une décision.
La communauté, le dernier rempart
Les outils sont puissants, mais ils ne voient pas tout. Parfois, c’est un membre de la communauté qui remarque un changement étrange dans les messages Telegram. Ou un analyste qui voit que les développeurs ont supprimé leur compte LinkedIn. Ou un investisseur qui découvre que le whitepaper a été copié d’un autre projet. Ces signaux humains sont précieux. Les plateformes qui permettent de signaler un projet suspect, et qui attribuent une crédibilité aux signalements selon l’historique de l’utilisateur, deviennent de plus en plus efficaces. C’est la sécurité par la foule - et elle marche.
Les régulateurs commencent à agir
Le Département de la protection financière de Californie tient une liste publique des plateformes escrocs. Ce n’est pas une solution mondiale, mais c’est un début. Des pays comme la France et le Japon commencent à exiger des audits obligatoires pour les projets de plus de 1 million de dollars levés. Ce n’est pas parfait - les blockchains sont mondiales, les escrocs ne respectent pas les frontières - mais ça crée un cadre. Dans le futur, on verra des systèmes de partage international de données sur les escrocs. Une adresse bloquée en France sera automatiquement bloquée en Corée, au Brésil, et aux États-Unis.
La règle d’or : ne jamais laisser la peur de manquer prendre le dessus
Les outils aident. Les algorithmes prédisent. Mais le plus important, c’est vous. Si vous voyez un token qui promet 1000 % de rendement en 7 jours, si tout le monde en parle sur TikTok, si le site web ressemble à un template de Canva, si l’équipe n’a pas de visage - arrêtez. Investissez seulement ce que vous pouvez vous permettre de perdre. Ne mettez pas votre loyer dans un memecoin. Ne laissez pas le FOMO (peur de manquer) vous pousser à cliquer sur « Investir » sans vérifier.
La crypto n’est pas une loterie. C’est un marché. Et comme tout marché, il y a des gens qui veulent vous voler. Les outils de demain seront plus intelligents. Mais tant que vous n’aurez pas appris à dire non, vous resterez vulnérable.
Comment vous protéger dès maintenant ?
- Utilisez Token Sniffer ou GoPlus Security pour vérifier chaque contrat avant d’investir.
- Regardez le score d’Investor Grade sur Token Metrics. Si c’est en dessous de 60, passez votre chemin.
- Surveillez les mouvements de liquidité : si la liquidité est retirée, c’est fini.
- Évitez les projets avec une équipe anonyme ou sans historique vérifiable.
- Ne suivez pas les influenceurs. Vérifiez vous-même.
- Ne mettez pas plus de 5 % de votre portefeuille dans un projet non audité.
Le futur : une protection qui évolue comme les escrocs
Les escrocs n’arrêtent pas. Ils apprennent. Ils changent de code. Ils utilisent de nouvelles blockchains. Ils imitent les projets légitimes. La réponse ? Des systèmes qui apprennent aussi. Les prochaines générations de détecteurs utiliseront des modèles d’IA qui s’adaptent en temps réel. Pas de règles fixes. Pas de mises à jour manuelles. Juste une intelligence qui voit ce que les humains ne voient pas, et qui comprend l’intention derrière le code.
Le futur n’est pas un outil magique. C’est un écosystème. Des algorithmes. Des communautés. Des régulateurs. Et vous. Ensemble, ils peuvent rendre la crypto plus sûre. Mais seulement si vous jouez votre rôle.
Qu’est-ce qu’un rug pull exactement ?
Un rug pull est une escroquerie dans laquelle les créateurs d’un projet crypto attirent des investissements, puis retirent soudainement toutes les liquidités ou disparaissent avec l’argent. Les tokens deviennent inutilisables et perdent toute valeur. Cela peut arriver en quelques minutes (rug pull dur) ou sur plusieurs semaines (rug pull doux).
Comment savoir si un contrat intelligent est sûr ?
Utilisez des outils comme Token Sniffer ou GoPlus Security. Ils analysent le code pour détecter des fonctions malveillantes, vérifient si la liquidité est verrouillée, et évaluent la répartition des détenteurs. Un score de sécurité inférieur à 50 sur Token Sniffer signale un risque élevé. Ne confiez jamais votre argent à un contrat non audité.
RPHunter fonctionne-t-il sur toutes les blockchains ?
Oui. RPHunter a été conçu pour analyser les contrats intelligents et les transactions sur plusieurs blockchains, y compris Ethereum, Solana, Binance Smart Chain et d’autres. Il ne dépend pas d’une seule chaîne, mais de la logique des comportements et du code, ce qui le rend universel.
Les audits de sécurité garantissent-ils qu’un projet est sans risque ?
Non. Un audit est un bon signe, mais il ne protège pas contre tout. Certains escrocs paient des audits pour donner une fausse impression de légitimité. Ce qui compte, c’est la combinaison : un audit + une équipe vérifiable + une liquidité verrouillée + une répartition équitable des tokens. Un seul élément ne suffit pas.
Pourquoi les investisseurs continuent-ils à tomber dans les rug pulls ?
Parce que la peur de manquer (FOMO) est plus forte que la prudence. Les escrocs utilisent des influenceurs, des promesses de rendements élevés, et des communautés hyperactives pour créer un sentiment d’urgence. Les gens oublient de vérifier, de réfléchir, et de se poser la question : « Et si c’était une arnaque ? » La technologie aide, mais la vigilance humaine reste essentielle.