Calculateur de coûts de transfert d'argent en crypto
Comparez les frais de transfert d'argent traditionnels (5-12%) avec les stablecoins (<1%) pour les migrants au Bangladesh.
Le Bangladesh interdit officiellement les cryptomonnaies depuis 2021. La banque centrale a déclaré que tout usage, échange ou transaction en Bitcoin, Ethereum ou toute autre crypto est illégal. Pourtant, selon les données de 2025, plus de 3,1 millions de Bangladais utilisent activement des cryptomonnaies. Comment est-ce possible ?
Une interdiction sur le papier, une adoption dans la rue
Le gouvernement bangladais ne tolère pas les exchanges locaux, les portefeuilles nationaux ou les publicités liées aux cryptos. Les banques sont interdites de traiter des transactions en crypto. Mais les gens continuent d’acheter, de vendre et d’envoyer de l’argent. Pas grâce à des applications locales, mais via des plateformes internationales comme Binance, Paxful ou LocalBitcoins. Beaucoup utilisent des VPN pour contourner les blocages. Certains paient en espèces pour acheter des cryptos à des particuliers, dans des marchés informels ou via des groupes WhatsApp.La preuve ? Le Bangladesh figure au 35e rang mondial en adoption de crypto selon CoinLedger 2025. Pour un pays officiellement interdit, c’est une position étonnante. Il devance des nations comme la France, l’Italie ou la Corée du Sud. Et il est dans le top 10 des pays d’Asie du Sud en volume d’usage.
Pourquoi les Bangladais utilisent-ils les cryptos malgré le risque ?
La réponse est simple : les systèmes bancaires traditionnels ne répondent pas à leurs besoins. Le Bangladesh est l’un des plus grands pays récepteurs de transferts d’argent à l’échelle mondiale. Plus de 20 milliards de dollars par an entrent dans le pays grâce aux travailleurs migrants en Arabie Saoudite, en Malaisie, aux Émirats ou aux États-Unis. Les transferts via Western Union ou MoneyGram coûtent entre 5 % et 12 %. Ils prennent 2 à 5 jours. Et parfois, l’argent disparaît dans les filets bureaucratiques.Les stablecoins, comme USDT ou USDC, offrent une alternative. Un migrant peut envoyer 500 dollars en USDT en moins de 10 minutes. Le destinataire reçoit le montant en monnaie numérique, puis le convertit en taka via un intermédiaire local - souvent un commerçant ou un vendeur de téléphone portable - qui lui donne de l’argent liquide en échange. Le coût ? Moins de 1 %. Le temps ? Quelques minutes. C’est une révolution.
Les stablecoins, le vrai moteur de l’adoption
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les Bangladais ne spéculent pas sur Bitcoin. Ils n’achètent pas des cryptos pour les revendre plus cher. Ils les utilisent comme un outil de transfert. Les données de Chainalysis montrent que 87 % des transactions en crypto au Bangladesh impliquent des stablecoins. Les autres cryptos, comme Ethereum ou Solana, représentent à peine 13 %.Cela signifie que les utilisateurs comprennent ce qu’ils font. Ce n’est pas du hasard. Ce n’est pas une mode. C’est une solution technique à un problème économique réel. Les gens ne veulent pas de richesse virtuelle. Ils veulent envoyer de l’argent à leur famille sans payer des frais exorbitants.
Comparaison avec les pays voisins
Le Bangladesh n’est pas seul dans cette situation. Le Pakistan, avec 18,2 millions d’utilisateurs, a vu sa communauté crypto exploser en 2025. L’Inde, malgré des régulations strictes, compte plus de 100 millions d’utilisateurs. Mais la différence, c’est que l’Inde et le Pakistan ont des exchanges locaux et des applications nationales. Le Bangladesh, lui, n’a rien. Pas d’infrastructure légale. Pas de plateforme officielle. Rien que des individus, des réseaux informels et des outils internationaux.Et pourtant, le Bangladesh a plus d’utilisateurs actifs que le Nigeria, le Kenya ou l’Argentine - des pays souvent cités comme leaders de l’adoption crypto en Afrique et en Amérique latine. Ce qui compte, ce n’est pas la légalité. C’est l’utilité.
Comment les gens accèdent aux cryptos sans banque ?
Les Bangladais ne se connectent pas à Binance depuis leur téléphone avec une carte bancaire. Ils ne peuvent pas. Les banques bloquent tout. Alors ils utilisent des méthodes plus anciennes, mais efficaces.- Des vendeurs de téléphone portable acceptent des paiements en USDT en échange de cash.
- Des groupes Facebook ou Telegram connectent les acheteurs aux vendeurs.
- Des commerçants de marchés locaux gardent des portefeuilles crypto pour aider les clients à recevoir des envois d’argent.
- Des étudiants en ligne utilisent des plateformes comme Bitget ou OKX pour recevoir des paiements en crypto pour leurs services de freelance.
Les portefeuilles les plus populaires ? Trust Wallet, MetaMask, et Phantom. Aucun n’est officiellement recommandé par les autorités. Mais ils sont installés sur des millions de téléphones.
Le risque est réel - mais les gens l’acceptent
Il y a des arrestations. Des comptes bancaires gelés. Des amendes. En 2024, la police a saisi plus de 400 millions de taka en cryptos dans des raids à Dhaka et Chittagong. Mais les arrestations ne font pas reculer l’adoption. Elles la rendent plus discrète.Les gens savent qu’ils prennent un risque. Mais ils savent aussi que si la banque ne leur permet pas d’envoyer de l’argent à leur mère dans un village du sud du pays, alors la crypto est la seule option. Et cette option, elle marche.
Le futur : changement ou persistance ?
La banque centrale du Bangladesh a répété à plusieurs reprises qu’elle ne légalisera pas les cryptos. Elle préfère développer sa propre monnaie numérique (CBDC), appelée “Taka Digital”. Mais les experts estiment que cette monnaie ne remplacera pas les stablecoins - elle les concurrencera. Et les utilisateurs choisiront toujours la solution la plus rapide, la moins chère, et la plus accessible.Les pays voisins évoluent. L’Inde envisage un cadre légal pour les cryptos. Le Pakistan a commencé à autoriser certains exchanges. Le Bangladesh, lui, reste bloqué dans une logique de prohibition totale. Mais la réalité du terrain ne suit pas cette logique. Les gens continuent. Les transactions continuent. Les familles continuent de recevoir de l’argent.
En 2025, la question n’est plus de savoir si les Bangladais utilisent les cryptos. La question est : combien de temps le gouvernement va-t-il continuer à ignorer une réalité qui touche 3,1 millions de citoyens ?
Pourquoi le Bangladesh interdit-il les cryptomonnaies ?
Le gouvernement et la banque centrale craignent que les cryptomonnaies ne facilitent le blanchiment d’argent, la fuite des capitaux ou l’évasion fiscale. Ils veulent aussi protéger les citoyens contre la volatilité des prix. Mais cette interdiction ne supprime pas la demande - elle la pousse dans l’ombre.
Les Bangladais peuvent-ils être arrêtés pour avoir des cryptos ?
Oui, c’est possible. La loi interdit l’achat, la vente et l’échange de cryptos. En 2024, plus de 80 personnes ont été arrêtées pour possession de crypto. Mais les arrestations sont rares et ciblent souvent des grosses transactions ou des intermédiaires. La plupart des utilisateurs ordinaires ne sont pas poursuivis - trop nombreux, trop dispersés.
Quelle est la différence entre les cryptos et les stablecoins ?
Les cryptos comme le Bitcoin ou l’Ethereum ont des prix très volatils. Les stablecoins, comme USDT ou USDC, sont liés à une monnaie réelle - le dollar américain - donc leur valeur reste stable. Pour les Bangladais, les stablecoins ne sont pas une investissement : c’est une monnaie de transfert. C’est comme envoyer un dollar numérique, pas un pari.
Comment les migrants envoient-ils de l’argent en crypto ?
Ils achètent des USDT sur une plateforme internationale avec leur salaire en ligne. Ensuite, ils envoient l’adresse du portefeuille à un proche au Bangladesh. Ce dernier contacte un vendeur local qui lui donne de l’argent en taka en échange des USDT. Le vendeur gagne un petit pourcentage, et le destinataire reçoit l’argent en moins d’une heure.
Le Bangladesh va-t-il légaliser les cryptos à l’avenir ?
À court terme, peu probable. Le gouvernement préfère développer sa propre monnaie numérique, le Taka Digital. Mais si les transferts en crypto continuent de croître - et qu’ils deviennent la norme pour 10 % de la population - la pression pour un changement de politique sera inévitable. La légalisation ne viendra pas d’une décision politique. Elle viendra du terrain.