Quelles bourses de crypto-monnaie sont interdites en Chine ?

Quelles bourses de crypto-monnaie sont interdites en Chine ?

La Chine a interdit toutes les bourses de crypto-monnaie centralisées depuis 2021

En septembre 2021, la Banque populaire de Chine (PBOC) a imposé une interdiction totale sur les bourses de crypto-monnaie centralisées opérant sur son territoire. Cette décision n’était pas une simple mise à jour réglementaire - c’était une purge complète. Toutes les plateformes comme Binance, Coinbase, Kraken, Huobi, OKX, et bien d’autres ont été bloquées à la fois pour les utilisateurs chinois et pour les entreprises ayant des liens avec la Chine. L’objectif était clair : éliminer tout accès direct aux marchés de crypto-monnaie pour les citoyens chinois.

Avant 2021, la Chine avait déjà commencé à restreindre les échanges de crypto en 2017, en fermant les bourses locales. Mais en 2021, les autorités sont passées à la vitesse supérieure. Elles ont étendu l’interdiction à tout ce qui pouvait permettre d’acheter, de vendre ou d’échanger des bitcoins, des ethereum ou tout autre actif numérique. Même les services d’OTC (Over-the-Counter) qui permettaient des transactions en espèces entre particuliers ont été ciblés. Les fournisseurs d’accès internet ont reçu l’ordre de bloquer les sites web des bourses étrangères. Les VPN utilisés pour contourner ces blocages ont eux aussi été rendus plus difficiles à utiliser.

Les bourses concernées : une liste exhaustive

La liste des bourses interdites en Chine inclut toutes les grandes plateformes internationales. Ce n’est pas une question de taille ou de popularité - si une bourse permettait à des Chinois de trader, elle était bloquée. Voici les principales :

  • Binance - la plus grande bourse du monde, a été la première à être ciblée. Ses services en Chine ont été fermés en 2019, mais son accès global a été bloqué en 2021.
  • Coinbase - interdite en Chine depuis 2021, malgré ses efforts pour se conformer aux lois locales.
  • Kraken - a cessé de proposer des services aux utilisateurs chinois après la directive de la PBOC.
  • Huobi - une bourse chinoise fondée à Pékin, déplacée à l’étranger en 2017, puis totalement bloquée en 2021.
  • OKX - autre bourse d’origine chinoise, désormais inaccessible depuis la Chine continentale.
  • Bitfinex, Bybit, Gate.io, KuCoin - toutes ont été bloquées par le Great Firewall.

Il n’y a aucune exception. Même les bourses qui affirmaient ne pas servir les clients chinois ont été bloquées, car les autorités ont décidé que toute présence possible sur le marché chinois était une menace pour la stabilité financière.

Les chinois ne peuvent pas légalement détenir de crypto - ou peuvent-ils ?

Une rumeur courante en mai 2025 prétendait que la Chine avait rendu la simple possession de crypto-monnaie illégale. Des articles circulaient sur les réseaux sociaux disant que « détenir du Bitcoin est désormais un crime ». Ce n’est pas vrai. Aucune loi officielle n’a été publiée par le gouvernement chinois en 2025 pour interdire la détention de crypto. Les autorités n’ont pas modifié leur position depuis 2021.

La vérité est plus nuancée : il est illégal de trader sur des bourses centralisées, mais il n’existe pas de loi pénale spécifique contre la simple détention de bitcoins dans un portefeuille personnel. Cependant, les risques sont énormes. Si vous utilisez un compte à l’étranger avec une pièce d’identité chinoise, vos transactions peuvent être suivies. Les banques chinoises sont obligées de signaler tout mouvement suspect vers des portefeuilles crypto. Si vous êtes identifié comme ayant transféré des fonds vers une bourse bloquée, vous pouvez être accusé de « fuite de capitaux » ou de « collecte illégale de fonds » - deux infractions pénales.

Des cas ont été publiés par des tribunaux chinois : des individus ont été condamnés à des amendes ou à des peines de prison avec sursis pour avoir utilisé des plateformes comme Binance via un VPN. Ce n’est pas une menace vide - c’est une réalité juridique.

Contraste entre la monnaie numérique d'État contrôlée et les échanges crypto souterrains.

Comment les Chinois contourneront-ils l’interdiction ?

Malgré les risques, des millions de Chinois continuent d’acheter et de vendre des crypto-monnaies. Ils utilisent des méthodes de contournement, souvent risquées :

  • VPN et proxies - encore utilisés, mais de plus en plus bloqués ou ralentis par les fournisseurs d’accès.
  • Plateformes P2P - comme LocalBitcoins ou Paxful, où les utilisateurs échangent directement contre des virements bancaires ou des transferts WeChat Pay. Ces plateformes ne sont pas officiellement interdites, car elles ne sont pas des bourses centralisées.
  • Échanges décentralisés (DEX) - comme Uniswap ou PancakeSwap. Ces plateformes n’ont pas de siège légal, pas de KYC obligatoire, et ne peuvent pas être bloquées facilement. Elles sont devenues le refuge des traders chinois.
  • Comptes offshore - certains utilisent des identités étrangères ou des comptes bancaires à Hong Kong, à Macao ou à l’étranger pour accéder aux bourses.

Le problème ? La liquidité est plus faible, les frais plus élevés, et le risque de fraude augmente. De nombreux utilisateurs se font arnaquer sur les plateformes P2P. D’autres voient leurs comptes bancaires gelés sans explication.

La Chine favorise son propre numérique : l’e-CNY

La Chine ne veut pas de crypto-monnaie décentralisée - elle veut contrôler l’avenir de l’argent numérique. C’est pourquoi elle a développé l’e-CNY, une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) pilotée par la PBOC.

L’e-CNY est totalement différente du Bitcoin. Il n’est pas décentralisé. Il n’est pas anonyme. Il est traçable à chaque transaction. Le gouvernement peut voir où va chaque yuan numérique, et même imposer des restrictions de dépense (ex. : ne pas pouvoir l’utiliser pour acheter des crypto ou des biens à l’étranger).

Depuis 2020, l’e-CNY est testé dans des dizaines de villes chinoises. En 2025, plus de 200 millions de personnes l’utilisent pour payer les transports, les courses ou les factures. Les entreprises sont encouragées - voire obligées - à l’accepter. L’objectif est clair : remplacer les paiements en espèces, réduire la dépendance au dollar, et éliminer tout espace pour les crypto-monnaies privées.

Les analystes pensent que la Chine pourrait lancer un stablecoin lié au yuan, mais contrôlé par l’État - une version « officielle » du Bitcoin, sans liberté. Ce serait le contraire de ce que les crypto-enthousiastes veulent : un système centralisé, surveillé, et sans possibilité de rejet.

Personne cachée échangeant des crypto en secret, avec des adresses lumineuses sur le mur.

Les conséquences économiques de l’interdiction

La Chine représentait plus de 40 % du volume mondial de trading de crypto en 2020. Aujourd’hui, elle n’en représente plus que 2 % - presque rien. Cette perte a eu un impact global.

Quand les rumeurs d’une nouvelle interdiction ont circulé en mai 2025, le prix du Bitcoin est tombé de 111 000 $ à moins de 104 000 $ en quelques heures. Les marchés ont réagi à la peur, même si aucune nouvelle loi n’a été annoncée. Pourquoi ? Parce que les investisseurs savent que la Chine est la plus grande économie au monde - et que sa décision peut déclencher une panique mondiale.

En même temps, la demande pour les stablecoins comme USDT a augmenté. Les Chinois qui veulent garder de la valeur hors du système bancaire chinois utilisent souvent l’USDT, car il est plus facile à transférer que le yuan. C’est une ironie : les crypto-monnaies les plus décentralisées sont utilisées pour contourner les systèmes de contrôle.

Les bourses internationales ont perdu des milliards de dollars de volume. Elles ont dû réduire leurs équipes en Chine, fermer leurs bureaux locaux, et abandonner des partenariats. Les entreprises qui ont tenté de rester « en accord avec la loi » ont vu leurs activités réduites à néant.

Quel avenir pour les crypto en Chine ?

Il n’y a aucune indication que la Chine va lever l’interdiction des bourses centralisées. Au contraire, les mesures de surveillance s’intensifient. Les algorithmes de l’État surveillent les transactions bancaires, les adresses de portefeuilles, et même les appareils connectés aux réseaux de crypto.

Les experts pensent que la Chine pourrait un jour autoriser des bourses « sous licence » - mais seulement si elles sont entièrement contrôlées par l’État et reliées à l’e-CNY. Cela signifierait que les Chinois pourraient acheter des « crypto »… mais seulement celles que le gouvernement autorise. Ce ne serait plus de la liberté financière - ce serait une version étatique du marché.

En attendant, les Chinois continuent de trader. En secret. Avec des risques. Avec des outils décentralisés. Avec de la méfiance. Et avec une conviction : que la technologie ne peut pas être entièrement contrôlée.

Les bourses de crypto-monnaie sont-elles toujours interdites en Chine en 2025 ?

Oui. Toutes les bourses centralisées restent bloquées. Le gouvernement chinois n’a pas levé l’interdiction. Il n’a pas non plus publié de nouvelles lois en 2025 - les rumeurs de « nouvelle interdiction » sont des répétitions de celles de 2021. La situation est figée : interdiction totale des bourses, tolérance limitée pour la détention personnelle, et une poussée massive vers l’e-CNY.

Les Chinois qui veulent trader n’ont pas d’autre choix que de passer par des voies non officielles - avec tous les risques que cela implique. Et tant que l’e-CNY ne sera pas pleinement adopté comme monnaie unique, les crypto-monnaies continueront d’exister dans l’ombre - comme un marché souterrain, vivant, mais dangereux.