Attaques par flash loan sur les protocoles DeFi : comment elles fonctionnent et comment les éviter

Attaques par flash loan sur les protocoles DeFi : comment elles fonctionnent et comment les éviter

Simulateur d'attaque par flash loan

Ce simulateur permet de visualiser les étapes d'une attaque par flash loan sur un protocole DeFi. Entrez les valeurs de base pour voir comment un attaquant pourrait exploiter une vulnérabilité dans un protocole.

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Conseil de sécurité

Ce simulateur ne vise pas à encourager des attaques, mais à comprendre comment elles fonctionnent pour mieux se protéger. Les protocoles DeFi modernes utilisent plusieurs oracles et le TWAP pour éviter ces attaques.

Les attaques par flash loan ont transformé les protocoles DeFi en cibles faciles pour des hackers bien préparés. En 2025, elles représentent l’une des menaces les plus coûteuses et les plus sophistiquées du secteur. En avril 2025 seulement, les attaques par flash loan ont coûté plus de 92 millions de dollars en une seule semaine. Ce n’est pas une erreur de code isolée. C’est une stratégie organisée, répétée, et de plus en plus efficace.

Comment fonctionne une attaque par flash loan ?

Un flash loan, c’est un prêt sans garantie. Pas de dépôt. Pas de vérification de solvabilité. Juste un contrat intelligent qui vous prête des millions de dollars - à une seule condition : vous les remboursez dans la même transaction. Si vous ne le faites pas, toute l’opération est annulée, comme si elle n’avait jamais eu lieu.

Mais les attaquants ne veulent pas rembourser. Ils veulent exploiter cette règle pour créer un chaos contrôlé.

Voici comment ça marche en pratique :

  1. Un attaquant emprunte 100 millions de dollars en token A via un protocole comme AAVE.
  2. Il utilise cet argent pour acheter massivement un autre token, B, sur un échange décentralisé (DEX). Cela fait grimper artificiellement le prix de B.
  3. Il dépense ce token B comme garantie sur un autre protocole DeFi - par exemple, une plateforme de prêt qui utilise le prix du DEX comme seule source de vérité.
  4. À cause du prix artificiellement élevé, le protocole pense qu’il a une garantie de 200 millions de dollars. Il lui prête donc 150 millions de dollars en token A.
  5. L’attaquant récupère ces 150 millions, les utilise pour rembourser les 100 millions empruntés au départ, et garde les 50 millions restants comme profit.
  6. La transaction est terminée. Le flash loan est remboursé. Le contrat intelligent n’a aucun moyen de dire qu’il a été trompé.

Tout cela se passe en moins de 15 secondes. Dans un seul bloc de la blockchain. Pas de trace. Pas de temps pour réagir.

Les attaques les plus célèbres

Les attaques ne sont pas théoriques. Elles ont déjà frappé dur.

En avril 2022, un attaquant a emprunté 1 milliard de dollars sur AAVE pour prendre le contrôle du protocole Beanstalk Farms. Il a manipulé les prix des tokens, a volé des millions de dollars en garanties, et a vidé les réserves. Le résultat : 182 millions de dollars perdus. Une seule transaction. Une seule faille : le protocole faisait confiance à un seul oracle.

En 2023, PancakeBunny a été attaqué de la même manière. Les hackers ont manipulé les prix dans les pools de liquidité, ont volé des millions de tokens BUNNY, puis les ont vendus en masse. Le prix du token a chuté de 80 % en quelques minutes. 200 millions de dollars disparus.

En mars 2025, KiloEx a perdu 7 millions de dollars à cause d’une attaque similaire. L’attaquant a utilisé un flash loan pour gonfler le prix d’un token utilisé comme référence par le protocole. Puis il a emprunté plus que ce que la garantie aurait dû permettre. Et il est parti avec le profit.

Chaque attaque suit le même schéma. La différence ? La taille. Et la sophistication.

Pourquoi ces attaques sont si faciles ?

Il n’y a pas de mystère. Les attaques par flash loan fonctionnent parce que les protocoles DeFi sont trop confiants.

La plupart des protocoles utilisent un seul oracle pour connaître le prix des actifs. Un oracle, c’est un service qui donne les prix du marché. Si cet oracle est manipulé - même pour quelques secondes - tout le protocole croit que les prix sont plus élevés qu’ils ne le sont.

Et les développeurs pensent souvent : « C’est la blockchain, c’est sécurisé. » Mais la blockchain ne vérifie pas les données. Elle exécute juste les instructions. Si vous lui dites que 1 token vaut 100 dollars, elle le croit. Même si c’est un mensonge.

En plus, les flash loans ne nécessitent aucune garantie. Vous n’avez pas besoin d’être riche. Vous avez juste besoin de quelques centaines de dollars pour payer les frais de transaction (gas). Un hacker peut lancer une attaque depuis n’importe où dans le monde. Avec un ordinateur. Et un peu de code.

Système de sécurité DeFi protégé par trois oracles contre une vague de manipulation de prix artificielle.

Comment les protocoles se protègent maintenant

Les bonnes nouvelles ? Les développeurs ont appris. Beaucoup de protocoles modernes ont déjà corrigé ces failles.

La première ligne de défense : les oracles multiples. Au lieu de se fier à un seul prix provenant d’un seul échange, les protocoles comme AAVE, Curve ou MakerDAO utilisent maintenant des données provenant de 5, 10, voire 20 sources différentes. Si un prix sur un DEX est anormal, les autres le contredisent. Le protocole ignore le mensonge.

La deuxième : le TWAP (Time-Weighted Average Price). Au lieu de regarder le prix au moment T, le protocole calcule la moyenne sur les 10 dernières minutes. Une attaque qui fait monter le prix pendant 3 secondes ne change rien. Le système voit que c’est une pointe artificielle.

La troisième : les limites de transaction. Certains protocoles bloquent les grands mouvements de fonds pendant les premières minutes après une nouvelle liquidité. Ou ils imposent un délai de 2 à 3 blocs avant d’autoriser un emprunt basé sur une garantie récente. Cela ralentit l’attaque. Et ça donne du temps aux systèmes de détection.

Et puis, il y a les audits. Des équipes spécialisées comme CertiK, Quantstamp ou OpenZeppelin vérifient les contrats intelligents avant leur déploiement. Ils cherchent les erreurs classiques : accès non protégé, réentrance, logique erronée. Ce n’est pas une formalité. C’est une nécessité.

Le coût de la négligence

En 2024, les pertes totales dues aux attaques DeFi ont atteint 1,49 milliard de dollars. En 2025, on dépasse déjà 1,7 milliard. Et les flash loans en sont la cause principale.

Ce n’est pas juste de l’argent qui disparaît. C’est la confiance qui s’effondre. Quand un protocole est attaqué, les utilisateurs fuient. Les liquidités s’évaporent. Les tokens perdent 30 %, 50 %, voire 90 % de leur valeur. Même les protocoles qui n’ont pas été attaqués en paient le prix.

Les petits investisseurs sont les plus touchés. Ceux qui ont mis leur argent dans des pools de liquidité pensaient qu’ils gagnaient des intérêts. Ils ne savaient pas qu’un seul flash loan pouvait tout faire disparaître.

Utilisateur vérifiant les fonctionnalités de sécurité d'un protocole DeFi : oracles multiples, TWAP et audit.

Que faire si vous utilisez des protocoles DeFi ?

Si vous êtes un utilisateur, vous ne pouvez pas empêcher une attaque. Mais vous pouvez éviter les pièges.

  • Ne mettez pas tout votre argent dans un seul protocole. Diversifiez.
  • Regardez si le protocole utilise plusieurs oracles. Si vous ne voyez pas cette information sur leur site, passez votre chemin.
  • Évitez les protocoles qui n’ont jamais été auditéés. Ou qui ont été auditéés il y a plus de 18 mois.
  • Surveillez les grosses variations de prix sur les tokens que vous utilisez. Si un token monte de 40 % en 2 minutes sans raison, c’est un signal d’alerte.
  • Ne fournissez pas de liquidité à des protocoles avec une faible profondeur de marché. Plus il y a d’argent dans le pool, plus il est difficile de le manipuler.

Si vous êtes un développeur ? Auditez. Vérifiez. Testez. Utilisez des outils comme Slither ou MythX pour scanner vos contrats. Implémentez le modèle Check-Effects-Interaction. Évitez les dépendances à un seul oracle. Et ne sous-estimez jamais la capacité d’un attaquant à trouver une faille.

L’avenir des attaques et de la sécurité

Les attaques vont devenir plus intelligentes. Des chercheurs ont déjà démontré des attaques utilisant l’intelligence artificielle pour prédire les faiblesses des contrats intelligents. Les hackers pourraient bientôt automatiser la recherche de vulnérabilités.

En réponse, les protocoles développent des systèmes de détection en temps réel. Certains utilisent des modèles de machine learning pour repérer des transactions anormales. D’autres mettent en place des « circuit breakers » qui bloquent les transactions si un prix change trop vite.

Et puis il y a les assurances. Des protocoles comme Nexus Mutual ou Cover Protocol proposent maintenant des polices contre les attaques par flash loan. Vous payez une petite prime. Si vous perdez de l’argent à cause d’une attaque, vous êtes remboursé.

Le secteur est en pleine transformation. Ce n’est plus un terrain sauvage. C’est un système financier en construction. Et comme tout système financier, il a besoin de règles, de surveillance, et de responsabilité.

Les flash loans ne sont pas mauvais en soi. Ils permettent des arbitrages, des refinancements, et des innovations. Mais quand ils sont utilisés comme armes, ils révèlent une vérité simple : la technologie ne protège pas. Ce sont les humains qui le font - en écrivant du code sécurisé, en vérifiant les données, et en ne jamais faire confiance à un seul point de vérité.

Qu’est-ce qu’un flash loan ?

Un flash loan est un prêt sans garantie qui doit être remboursé dans la même transaction blockchain. Il est automatiquement annulé si le remboursement échoue. Il est utilisé légitimement pour des arbitrages ou des refinancements, mais aussi abusé pour manipuler les prix dans les protocoles DeFi.

Pourquoi les attaques par flash loan sont-elles si difficiles à détecter ?

Elles se produisent dans un seul bloc de la blockchain, en moins de 15 secondes. Le contrat intelligent exécute toutes les étapes - emprunt, manipulation, emprunt secondaire, remboursement - sans interruption. Aucun système humain ne peut réagir à cette vitesse. La transaction est soit entièrement valide, soit entièrement annulée. Il n’y a pas de demi-mesure.

Quels protocoles sont les plus vulnérables aux attaques par flash loan ?

Les protocoles qui utilisent un seul oracle pour déterminer les prix sont les plus à risque. Cela inclut les plateformes de prêt, les échanges décentralisés avec peu de liquidité, et les systèmes de gouvernance où les votes sont basés sur des prix manipulables. Les protocoles récents qui utilisent des oracles multiples et le TWAP sont beaucoup plus résistants.

Les flash loans sont-ils interdits ?

Non, les flash loans ne sont pas illégaux. Ils sont une fonctionnalité technique des contrats intelligents. Ce qui est illégal, c’est l’abus de cette fonctionnalité pour voler des fonds. Les autorités financières commencent à étudier comment réguler ces abus, mais il n’existe pas encore de loi spécifique contre les flash loans en tant que tels.

Comment savoir si un protocole DeFi est sécurisé ?

Vérifiez trois choses : 1) Le protocole a-t-il été audité par une entreprise reconnue comme CertiK ou OpenZeppelin ? 2) Utilise-t-il plusieurs oracles ou seulement un ? 3) Implémente-t-il le TWAP pour éviter les manipulations de prix sur de courtes périodes ? Si la réponse est non à l’une de ces questions, le risque est élevé.