Évolution et avenir de la régulation des crypto-monnaies en Arabie saoudite

Évolution et avenir de la régulation des crypto-monnaies en Arabie saoudite

Calculateur d'impôts sur les crypto-monnaies en Arabie saoudite

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En 2025, l’Arabie saoudite se trouve à un carrefour : d’un côté, les particuliers achètent des crypto-monnaies en masse, de l’autre, les banques sont interdites d’y toucher sans autorisation explicite. Ce paradoxe définit la réalité actuelle de la régulation des crypto-monnaies dans le royaume. Ce n’est ni une interdiction totale, ni une légalisation complète. C’est un système en mouvement, piloté par deux institutions : la Banque centrale saoudienne (SAMA) et l’Autorité des marchés des capitaux (CMA). Et ce n’est pas un simple débat juridique - c’est une transformation économique profonde, liée à Vision 2030.

De l’interdiction à la tolérance contrôlée

En 2018, les autorités saoudiennes ont déclaré les crypto-monnaies illégales. Les échanges ont été bloqués, les plateformes locales fermées. Mais les gens ont continué à trader. Ils ont utilisé des plateformes internationales comme Binance, Coinbase et Kraken. Aujourd’hui, 11,4 % de la population - soit 4 millions de personnes - possèdent des actifs numériques. Ce n’est pas un phénomène marginal. C’est une tendance massive, surtout chez les jeunes : 63 % des Saoudiens ont moins de 30 ans, et ils sont naturellement attirés par les technologies financières.

La banque centrale n’a pas réagi en réprimant davantage. Elle a choisi d’observer, d’analyser, et de construire un cadre. Ce n’est pas une tolérance passive. C’est une stratégie. Les autorités savent que les crypto-monnaies ne disparaîtront pas. Alors elles ont décidé de les encadrer, pas de les éliminer.

Le cadre légal : un mélange de flou et de contraintes

Il n’existe toujours pas de loi spécifique sur les crypto-monnaies en Arabie saoudite. Pas de définition légale d’un « actif numérique ». Pas de licence officielle pour les exchanges. Mais cela ne signifie pas que tout est permis. Les lois contre le blanchiment d’argent (AML) et le financement du terrorisme (CFT), adoptées en 2017, parlent de « fonds » obtenus par « systèmes électroniques ». Ce terme est large. Il peut inclure les crypto-monnaies. Et les autorités l’utilisent.

Les banques saoudiennes ne peuvent pas traiter de crypto-monnaies sans approbation de la SAMA. Et cette approbation ? Elle prend entre 6 et 9 mois. Et elle est rare. Pourquoi ? Parce que les banques ne savent pas comment se conformer à des règles qui n’existent pas encore. Elles ont peur de se tromper. Ce flou juridique protège les institutions, mais il pénalise les entreprises qui veulent innover.

La finance islamique et la reconnaissance religieuse

Ce qui rend la régulation saoudienne unique, c’est l’angle religieux. En 2024, un haut dignitaire religieux a publié une fatwa affirmant que Bitcoin et les autres crypto-monnaies sont conformes aux principes de la charia. Ce n’était pas une simple déclaration. C’était un signal politique. Il a ouvert la porte à l’adoption par les institutions financières islamiques.

Avant cette fatwa, beaucoup de Saoudiens hésitaient : « Est-ce que c’est halal ? » Maintenant, la réponse est oui - à condition que les transactions soient transparentes, sans spéculation excessive, et sans intérêt (riba). Cela a permis à des fonds d’investissement islamiques d’explorer les crypto-monnaies comme actifs de portefeuille. C’est une avancée majeure. Le royaume ne veut pas juste suivre la technologie. Il veut la diriger selon ses valeurs.

Réseau blockchain géométrique reliant une mine solaire à une banque centrale, avec des motifs islamiques et un parchemin 'Halal' au-dessus.

Les projets institutionnels : blockchain, pas crypto

Si les particuliers peuvent trader, les institutions, elles, construisent. La SAMA travaille sur un système de monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Un pilote est prévu pour la fin 2025. Ce n’est pas une crypto. C’est une version numérique du riyal, contrôlée par l’État. Elle sera utilisée pour les paiements interbancaires, les transferts transfrontaliers, et peut-être un jour, les salaires.

L’Arabie saoudite participe aussi au projet mBridge, une initiative avec la Chine, les Émirats arabes unis, la Thaïlande et Hong Kong. Ce projet teste des échanges de monnaies numériques entre banques centrales. C’est un signe clair : le royaume veut être dans la course des monnaies numériques, mais à sa manière - contrôlée, sécurisée, et centrée sur l’infrastructure.

Le projet Aber, lancé en 2019 avec les Émirats, a déjà démontré que la blockchain peut fonctionner entre deux pays. Maintenant, les autorités veulent aller plus loin. Elles investissent 1,2 milliard de riyals (320 millions de dollars) dans la blockchain pour la santé, la logistique, et les contrats intelligents. La technologie est acceptée. Les crypto-monnaies ? Pas encore.

Le marché : croissance explosive malgré les restrictions

Malgré les interdictions et les avertissements, le marché crypto saoudien a explosé. En 2024, sa valeur était de 23,1 milliards de dollars. En 2033, elle devrait atteindre 45,9 milliards, avec un taux de croissance annuel de 7,9 %. Les volumes de transactions ont augmenté de 153 % entre juillet 2023 et juin 2024 - bien plus que la moyenne régionale.

Les particuliers ne sont pas les seuls à jouer. Les mineurs sont devenus légaux, sous conditions. L’Arabie saoudite représente maintenant 4 % de la puissance mondiale de minage - contre moins de 1 % en 2020. Et la plupart de cette énergie vient de sources renouvelables. Dans NEOM, la ville du futur, les mineurs utilisent l’énergie solaire. Leur empreinte carbone a baissé de 35 %. C’est un modèle que le royaume veut promouvoir : technologie verte, encadrée, efficace.

En 2024, la première plateforme réglementée de NFT au royaume, Nuqtah, a reçu son autorisation. Ce n’est pas une simple boutique d’art numérique. C’est un test pour l’avenir : comment gérer les actifs numériques non fongibles dans un cadre légal ?

Scène divisée : un particulier sans impôt à gauche, une entreprise submergée par des formulaires à droite, en style Bauhaus avec tons dorés et bleus électriques.

Les taxes : un système à deux vitesses

Les particuliers n’ont pas à payer d’impôt sur les gains en crypto. C’est une incitation claire à investir. Mais les entreprises ? Elles sont taxées à 15 % sur les gains en capital, 20 % sur les bénéfices, et 2,5 % de zakat - l’impôt islamique sur la richesse. Ce n’est pas une erreur. C’est une stratégie. Le gouvernement veut encourager la propriété individuelle, mais pas l’exploitation commerciale non régulée.

Cela crée un déséquilibre. Un trader individuel peut acheter du Bitcoin sans déclaration. Une entreprise qui veut créer un exchange doit passer par un processus de 18 mois pour se conformer à des règles floues. Ce n’est pas équitable. Mais c’est intentionnel. Le royaume veut que les entreprises attendent la loi. Pas qu’elles la créent.

Que va-t-il se passer en 2025 ?

Les indices sont clairs. L’Autorité des marchés des capitaux a annoncé qu’elle publiera des règles spécifiques sur les actifs numériques au troisième trimestre 2025. On s’attend à ce qu’elles définissent :

  • La classification des crypto-monnaies (actifs, marchandises, devises ?)
  • Les exigences de licence pour les exchanges et portefeuilles
  • Les obligations de KYC et AML pour les fournisseurs de services
  • Les règles pour les ICO et les tokens sécurisés
En parallèle, la SAMA publiera des lignes directrices conjointes avec la CMA au premier trimestre 2025. Ce ne sera pas une loi. Mais ce sera un guide officiel. Et dans un pays où la légalité repose souvent sur les déclarations des autorités, ce guide aura autant de poids qu’un texte législatif.

La tendance est claire : le royaume ne va pas interdire les crypto-monnaies. Il va les intégrer - mais seulement dans un cadre strict, contrôlé, et aligné avec Vision 2030. Les particuliers pourront continuer à trader, mais sur des plateformes agréées. Les entreprises pourront opérer, mais seulement si elles répondent à des normes de transparence et de conformité islamique.

Le futur : une économie numérique, pas une économie crypto

L’Arabie saoudite ne cherche pas à devenir la nouvelle Suisse des crypto-monnaies. Elle veut être le leader de la finance numérique islamique. Elle veut que les technologies blockchain transforment ses infrastructures, ses services publics, ses marchés financiers. Les crypto-monnaies ? Elles sont un outil. Pas une fin.

Le futur n’est pas dans la spéculation. Il est dans la stabilité. Dans les CBDC. Dans les contrats intelligents pour les contrats de travail. Dans les NFT pour les titres de propriété. Dans les systèmes de paiement transfrontaliers sécurisés.

Les Saoudiens ne vont pas perdre leurs Bitcoin. Mais ils vont devoir les garder sur des plateformes régulées. Et bientôt, ils pourront les échanger directement contre des riyals numériques. Ce sera la fin de l’ambiguïté. Et le début d’un nouveau système.

Le message est simple : la technologie est bienvenue. La liberté totale, non.

Les crypto-monnaies sont-elles légales en Arabie saoudite en 2025 ?

Les crypto-monnaies ne sont pas officiellement reconnues comme monnaie légale, mais elles ne sont pas non plus interdites pour les particuliers. Les individus peuvent acheter, vendre et détenir des actifs numériques sur des plateformes internationales régulées, comme Coinbase ou Binance. En revanche, les banques et institutions financières locales sont interdites d’y participer sans autorisation expresse de la SAMA, ce qui est extrêmement rare. Le cadre juridique reste flou, mais une loi spécifique devrait être publiée en 2025.

Puis-je miner des crypto-monnaies en Arabie saoudite ?

Oui, le minage est légal depuis 2025, mais sous certaines conditions. Les opérations doivent utiliser des sources d’énergie renouvelables, respecter les normes de sécurité et être enregistrées auprès des autorités. Le royaume a vu une augmentation de 400 % de sa puissance de minage depuis 2020, principalement dans des projets comme NEOM, où l’énergie solaire réduit l’empreinte carbone de 35 %. Le minage n’est plus considéré comme un risque, mais comme une opportunité technologique.

Les crypto-monnaies sont-elles conformes à la charia ?

Oui, selon une fatwa publiée en 2024 par un haut religieux saoudien, les crypto-monnaies comme Bitcoin sont compatibles avec la charia, à condition qu’elles soient utilisées comme actifs d’investissement et non comme instruments de spéculation excessive ou de prêt avec intérêt (riba). Cette reconnaissance religieuse a ouvert la voie à l’adoption par les institutions financières islamiques et a rassuré des millions de Saoudiens qui hésitaient à investir.

Quels sont les impôts sur les crypto-monnaies en Arabie saoudite ?

Les particuliers ne paient pas d’impôt sur les gains en crypto. Ils n’ont aucune obligation de déclaration. En revanche, les entreprises doivent payer 15 % d’impôt sur les gains en capital, 20 % d’impôt sur les bénéfices, et 2,5 % de zakat (impôt islamique sur la richesse). Ce système à deux vitesses encourage la possession individuelle tout en freinant les activités commerciales non régulées.

Quand une loi sur les crypto-monnaies sera-t-elle publiée en Arabie saoudite ?

Une loi spécifique sur les actifs numériques devrait être publiée au troisième trimestre 2025 par l’Autorité des marchés des capitaux (CMA). Elle définira les types d’actifs numériques, les exigences de licence pour les exchanges, les obligations KYC/AML, et les règles pour les ICO. En parallèle, la SAMA publiera des lignes directrices conjointes au premier trimestre 2025. Ces documents ne seront pas des lois, mais ils auront un poids juridique fort dans le système saoudien.

1 Comments

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    Alain Leroux

    novembre 1, 2025 AT 10:46

    Je trouve ça drôle qu’on parle de ‘tolérance contrôlée’ comme si c’était une révolution. En fait, c’est juste du contrôle avec un joli nom. Les Saoudiens trichent depuis 2018, et maintenant ils veulent prendre leur part du gâteau sans changer les règles du jeu. C’est du réalisme politique, pas de la régulation.

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